Les médecins, partenaires de la sécu, sanctionnés aux élections Les résultats des élections aux Unions régionales des médecins libéraux (URML), connus vendredi, ont dessiné une nouvelle carte syndicale au terme d'un vote-sanction infligé aux signataires de la convention médicale avec la Sécurité sociale, notamment la CSMF.
Des résultats partiels, portant sur 80% des suffrages dépouillés en début de soirée, montraient que les praticiens ont fait payer à la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), arrivée largement en tête lors du scrutin de 2000, son partenariat actif avec l'assurance maladie pour mener les réformes en cours.
Vendredi en fin d'après-midi, la CSMF indiquait obtenir 29% des voix chez les généralistes et seulement 39% chez les spécialistes, contre respectivement 40% et 60% en 2000. Elle estime toutefois préserver sa place de "premier syndicat médical", avec 37% en moyenne, les deux collèges compris.
Chez les généralistes, les syndicats non signataires de la convention progressent: MG-France obtient 33% des voix (contre 30,9% en 2000), devenant la première organisation, la FMF 17% (5,2%), Espace généraliste 12%. En revanche, le SML, signataire, recule de 15,9% à 11%. Chez les spécialistes, la Fédération des Médecins de France (FMF) talonne la CSMF avec 35%. Le SML obtient 16% des voix et l'Uccsf environ 8%. La CSMF a fait état d'une "faible" participation (37%).
Ce vote, dont les résultats définitifs ne devaient être connus que samedi, déterminera la représentation des différents syndicats au sein des URML, les instances de concertation et de gestion entre médecins libéraux et assurance maladie au plan local. Mais au-delà , le scrutin s'apparentait en fait à un vote "pour" ou "contre" l'actuelle convention médicale, signée début 2005 par trois syndicats de médecins (CSMF, SML, Alliance) et la "sécu", qui a instauré le dispositif du médecin traitant.
Les médecins (quelque 120.000 généralistes et spécialistes libéraux)
semblent plutôt avoir été sensibles aux arguments avancés par les opposants à la convention médicale.
En dépit de la hausse d'un euro de la consultation des généralistes au 1er août et des multiples revalorisations tarifaires accordées depuis deux ans, les médecins ont en effet perçu le nouveau parcours de soins instauré par la réforme de 2004 comme une "usine à gaz" qui leur impose des "tâches bureaucratiques". Le président de MG-France, Pierre Costes, a assuré, que "malgré toutes les variations régionales", il apparaissait que "les organisations syndicales qui contestent les modalités de la réforme sont majoritaires". De sorte que, selon lui, il y a désormais "une majorité pour remettre en cause la réforme".
"Vu le contexte politique et économique, arriver à se maintenir en signant la convention constitue un véritable exploit", a répliqué le président de la CSMF, Michel Chassang.
Autre fait marquant de ce scrutin: la percée, à la fois chez les généralistes et les spécialistes, de la FMF, qui exprime une sensibilité ultra-libérale et milite pour l'accès à des honoraires libres pour tous les médecins. Mais la surprise provient aussi d'un nouveau syndicat, Espace Généraliste, créé en septembre 2005 après une scission avec MG-France, qui réalise un bon score en dépit de son absence dans plusieurs régions. Selon le président de ce syndicat, Claude Bronner, "les caisses (d'assurance maladie, ndlr) et le gouvernement vont devoir remettre la convention sur le tapis pour qu'elle soit renégociée".